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Les mots : une maison d’édition engagée

Repenser la maison d’édition, l’adapter à notre époque et aux nouveaux comportements des clients, s’engager pour des auteurs, suivre ses convictions, tel est le but de Jeanne Thiriet. Loin d’être un rêve inaccessible, ce projet a été construit après mûre réflexion, et son business plan tient compte des impératifs du marché.



Depuis longtemps, Jeanne Thiriet voulait éditer des jeunes auteurs. Mais, faute de temps, le projet était resté dans les cartons. Aujourd’hui, elle s’est lancée dans l’aventure avec une associée Vanessa Caffin, auteure et enseignante dans la première école d’écriture française, Les Mots. Elles ont créé une nouvelle maison d’édition appelée les « Livres agités ».


Jeanne a choisi de se positionner sur un créneau particulier : elle éditera des premiers romans de femmes, qui seront des récits engagés autour des thèmes du féminisme, de l’écologie et de la justice sociale.




Une analyse poussée du marché littéraire

« Lancer une maison d’édition peut paraître un drôle de choix, car les maisons d’édition traditionnelles ont du mal à construire un bon business plan », poursuit-elle. « L’édition est une industrie artisanale, lancé dans un rythme industriel, qui malmène ses auteurs , le plus souvent».


Jeanne a observé le fonctionnement du marché.


L’époque est au changement et donne de plus en plus la parole aux femmes, notamment depuis le mouvement #MeToo. « Aujourd’hui, la société patriarcale est à bout de souffle et la littérature est le lieu de réflexions et de propositions pour un monde à venir », explique Jeanne Thiriet. « Dans ces périodes de changement, par exemple après-guerre, les auteurs comme Sartre, Malraux ont porté de nouvelles réflexions politiques et sociales Seules femmes publiées sur cette vision d’un monde en reconstruction : Simone de Beauvoir qui questionnait la place de la femme ou bien Duras qui explorait les territoires de l’intime féminin ».


Il y a aussi un vrai engouement du public pour les premiers romans. Ces derniers rencontrent de plus en plus de succès comme le roman initiatique « La vraie vie » d’Adeline Dieudonné, vendu à 300 000 exemplaires ou « Le bal des folles » de Victoria Mas, prix Renaudot des lycéens, à plus de 40 000 exemplaires.


Enfin, 67% des écrivains publiés sont des hommes alors que cinq romans de femmes sont aujourd’hui au TOP 10 des ventes. De plus en plus de librairies installent des corners consacrés aux autrices. Mais, il n’existe pas de maisons spécialisées dans les premiers romans féminins. Elle pense donc qu’il y a une place à prendre pour un projet comme le sien.


Une rencontre déterminante

Si Jeanne Thiriet connaît bien le monde littéraire, c’est qu’elle a travaillé dans le secteur de la presse et de l’édition pendant plus de 30 ans. Elle a été éditrice et à la direction de grands magazines chez Mondadori et Emap. Elle a aussi été critique littéraire pendant 15 ans, et elle anime toujours un blog consacré à la littérature française, qui porte le même nom que sa nouvelle maison d’édition.


C’est la rencontre avec What’s Up Camille via LinkedIn, qui a provoqué le déclic. Un post y présentait le marché des séniors « en devenir de vie » et citait l’incubateur. « Le positionnement post-quinqua a été un véritable déclencheur. Après ma retraite, j’avais une liste de choses à faire, dont ce projet. Mais, J’avais comme une résistance intérieure. Je ressentais un manque de légitimité à cause de mon âge. Je pensais aux jeunes et j’avais l’impression de leur prendre une partie du travail. Pourtant, j’avais toujours besoin de développer, d’inventer, de créer… », précise Jeanne.


Business plan murement réfléchi et growth hacking

Jeanne Thiriet a construit un business plan modeste mais vertueux. « Je ne cherche que la rentabilité, puis une croissance raisonnable, ma retraite me permet de me lancer pleinement dans mon projet ».


Pour la première année, elle prévoit d’éditer deux romans. Elle va d’ailleurs lancer prochainement une recherche d’autrices.


Ces premiers ouvrages seront édités en version papier. Le papier sera choisi avec soin et la charte graphique sera différenciante. Le but : faire de ces romans, des objets qui s’inscrivent, au-delà des mots, dans la mémoire visuelle et sensorielle des futurs lecteurs, et qui symboliseront sa nouvelle maison d’édition.


« Bien sûr, il y aura une version numérique, c’est un incontournable aujourd’hui ». Un site assurera la communication BtoB vers la presse et des éditeurs, mais aussi BtoC vers les lecteurs et futures autrices.


Jeanne table aussi sur la diversification de son activité comme la réalisation de podcasts ou de Webinaires consacrés à la littérature. Elle va également proposer des ateliers d’écriture.


Pour garantir encore l’impact de ses publications et faire le « buzz » dans la profession, Jeanne compte bien monter des comités de lecture mêlant tous les âges de lecteurs, et tous les professionnels comme des libraires, des auteurs, des personnes engagées dans la littérature, l’écologie ou la justice sociale.


Bloggeuse de longue date, Jeanne prévoit de mettre en place du marketing digital notamment vers les clubs de lecteurs, de contacter les influenceurs, et de présenter son action sur les réseaux sociaux. Elle souhaite monter un club de « grandes lectrices », sur Facebook, par exemple.


Autant d’actions pour favoriser le « bouche à oreilles », aujourd’hui très important dans le nouveau monde de l’édition.

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